Playboy Française # 95 - Novembre 2008 Magazine ISSN: 0223-1174
SOMMAIRE
PLAYGROUND
L'AIRE DE JEU DU DANDY MODERNE
14 NEWS
Les coups de cceur du lapin Le choix de Colette
20 EVASION
Un 'dot à Maurice
22 MOTEURS
IQ, le nouveau défi urbain
24 NID D'AMOUR
Morphée sous les mers PLAYVIEW
LES POINTS DE VUE DE PLAYBOY
28 COVERSTAR
Lydia Hearst joue la pin-up
40 LA GRANDE INTERVIEW
Jean-Charles de Castelbajac, un homme heureux
50 DOCUMENT EXCLUSIF
L'autre Guantanamo
58 PLAYMATE
Alison dévoilée par Rankin
78 20 QUESTIONS A
Strutter, l'infáme animateur de MTV
82 ENQUETE
X-plicit, le porno au féminin
88 HAPPY BIRTHDAY
Les 35 ans de Playboy France PLAYSTYLE
LES ESSENTIELS DU GENTLEMAN
92 MODE HOMME
Le sulfureux Tony Ward dans son cabaret burlesque
104 STYLE BOY
Alexis Mabille, funky dandy
106 OBJET CULTS
Le briquet S. T. Dupont PLAYTIME
TRENTEJOUPS DE CULTURE ET DE DIVERTISSEMENT
110 CINEMA
112 MUSIQUE
114 LITTERATURE
116 ARTS
118 HOMMAGE
LeRoy Neiman, le peintre Playboy
126 WELCOME HOME
Une inconnue nous ouvre sa porte
130 INSTANTANÉS Rocco Siffredi, actif après tout...
11,32 AFTER DARK
Les nuits sans sommeil de Playboy
INTRODUCTION
Le paradoxe de la notorlété...
Playboy fait partie de ces marques qui jouissent d'une notoriété
énorme sans que les gens sachent vraiment dire de quoi it retourne. Bien
stir, le célèbre lapin dessiné par Art Paul, apparu des le
second numéro du magazine américain et que le lecteur s'amusait
à chercher dans chaque couverture y est pour beaucoup. Les frasques d'Hugh
Hefner sans cesse entouré de ses bunnies sculpturales — fantasme
du harem moderne pour beaucoup d'Occidentaux — dans sa Playboy Mansion ont
aussi considérablement entretenu le mythe.
Mais l'édition francaise, née en 1973, s'est d'emblée singularisée
de son ainée, tout en assUmma-porn-star">Umant sa filiation dans une époque d'anti-américanisme
de bon ton. Une "french touch" du charme en quelque sorte, avant cocktail
de savoir vivre, d'élégance, d'impertinence, d'humour grivois et
d'exhibitionnisme très frais, qui s'offrait le luxe de faire le grand écart
entre les fêtes les plus futiles et les enjeux majeurs de notre société
(voir les grander époques du titre p. 82). Reste qu'en trente-cinq années
d'existence et cinq maisons d'édition successives, les partis pris éditoriaux
ont quelque peu brouillé les pistes dans l'inconscient collectif. Pour
mieux nous en rendre compte, nous sommes allés demander a plusieurs personnalités
ce qu'elles pensaient du magazine. Première surprise — qui n'en est
finalement pas une —, celui-ci énéficie d'un tres bon capital
sympathie. Seconde surprise : même chez des vedettes que l'on pourrait qualifier
d' "affranchies", le titre garde une connotation sulfureuse qui destabilise.
Parmi les reponses qui nous ont été données, trois d'entre
elles ont particulièrement attire notre attention pour leur justesse, leur
humour et leur force de proposition pour le Playboy de la prochaine décennie.
Interrogée sur ce qu'évoquait pour elle le magazine, l'animatrice
télé Mademoiselle Agnès s'est empressée de répondre
: « magazine cul-culte », bien qu'elle trouve que la nouvelle formule
ne contienne plus assez... de cul! Pour l'artiste Ben Vautier, Playboy c'est «
le magazine qui devrait toujours prendre le taureau par la queue et lancer les
débats comme : "Les hommes ont-ils le droit d'être machos ?"
"Les hommes sont-ils coupables si la double page les fait bander?" "Un
homme de plus de soixante-dix ans qui aime regarder Playboy est-il un sale cochon
?" » Pour le Grand Prix national d'Architecture 2006 Rudy Ricciotti,
qui lit le magazine depuis qu'il a vingt ans, c'est le « dernierjournal
"dada" de langue franfaise qui devrait être soutenu par le ministère
de la Santé pour l'économie d'antidépresseurs qu'il fait
faire aux hommes de France. »
Quant à la définition du play-boy lui-même, quelles sont les
réponses aujourd'hui? « Un mec qui baise comme un lapin. Plusgénéralement
c'est un type en peignoir etpantoufles, bref, Hugh Hefner, quoin, s'amuse Mlle
Agnès. Rudy Riccioti semble pour sa part dessiner un autoportrait : «
Le playboy est un male charismatique totalement en rupture avec le métrosexuel
sensible manucuré nickel, lequel, quoi que l'on en dise, n'a jamais eu
la favour des femmes, surtout cellos de gauche, végétariennes et
cyclistes. Le playboy sent le soufre... Regard de fournaise sous des yeux "velvet",
gestuelle excessive, verve éminente, tendresse à rebours, humour
rotors et spirituel, générosité tactile et entière,
substance dense, promptitude dans les sauts, poll brillant, autorité naturelle
et bienséance en font un animal redouté. II inspire l'antipathie
chez le Francais de souche. Antipathie attractive, Monsieur est un aimant. A l'ceil
du mondain, it est un demon, mais sy frottant de plus près le mondain dément.
II est le Terence Stamp de Théorème, le tsunami de ces dames. Antipasti
gustative, it se savoure sans fin de lui-mêmo, ayant raison de se servir
en premier. C'est un bolide, une grosse cylindrée, une belle carrossée,
une lessee callipyge qui ebouriffe. Il est l'anti-lisse, roi de la glisse.
Rien que ca!
Mais au final, la question propre à satisfaire le voyeur qui sommeille
au fond de chaque lecteur reste quand même de savoir quelle femme nos trois
aficionados aimeraient déshabiller en couverture...
Madame la secrétaire d'État chargée de I'Écologie,
Nathalie Kosciusko-Morizet », déclare Rudy Ricciotti sans hésiter.
« Une belle femme nue, si possible célèbre, dans le metro,
a I'heure de Pointe, par exemple Lio », renchérit Ben. Mais c'est
Mlle Agnès qui remporte la palme de la couverture la plus improbable en
imaginant la co-listière de John McCain, Sarah Palin, facon "guns
and babe" après l'avoir vue a la télé jouant avec des
armes a feu : «-Lunettes, tailleur et chignon, elle estpeut-être sexy.
Fautjuste qu'elle arrête avec ses culottes hautes!»
En attendant ce scoop et elections outre-Atlantique oblige, c'est une autre Américaine
qui fait la couverture de Playboy ce mois-ci. Et pas n'importe laquelle puisque
Lydia Hearst, modèle et 611e de milliardaire, descend de l'une des familles
les plus célèbres d'Amérique — la vie de son grand-père
magnat de la presse inspira Orson Welles pour son film Citizen Kane. Elle cédera
sa place a une jolie Francaise bien de chez nous dans le prochain numéro...
Emma de Caunes, transfigurée en Marie-Antoinette facson opéra rock,
par Ellen Von Unwerth.